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Secteur des télécommunications au Canada : stimuler la croissance de notre économie numérique

Les exploitants de réseau mobile canadiens sont petits par rapport à leurs pairs et fournisseurs mondiaux. Les plus grandes entreprises de télécommunications du G7 ainsi que celles en Corée du Sud et en Australie génèrent en moyenne 3,5 fois plus de revenus que Rogers, Bell et Telus. De leur côté, les grands fournisseurs internationaux génèrent des revenus près de 9 fois plus élevés.

Pourquoi est-ce important? Le marché du sans-fil est une question d’envergure, et cela est d’autant plus important dans le monde de la 5G.

L’envergure importe

Un rapport récent de PwC intitulé Évolution du secteur des télécommunications au Canada et croissance de l’économie numérique souligne l’importance de l’envergure lorsqu’il est question du déploiement de la 5G.

Dans le rapport, PwC indique que les exploitants canadiens consacrent une plus grande part de leurs recettes aux dépenses d’investissement que bon nombre d’entreprises d’autres pays comparables. Par exemple, le ratio dépenses d’investissement-revenus des exploitants canadiens est de 18 % en moyenne, ce qui est 5 % plus élevé que celui des exploitants aux États-Unis et en Australie.

De plus, puisqu’ils sont de taille plutôt modeste dans un marché mondial des télécommunications, les exploitants canadiens sont moins en mesure de négocier de meilleurs prix auprès des fournisseurs d’équipement de télécommunications.

Lorsqu’il s’agit de la construction de réseaux 5G, dont les coûts estimés seraient plus élevés de 23 % à 71 % que ceux des réseaux 4G, le manque d’envergure combiné à des coûts élevés ont une incidence directe sur la capacité des exploitants canadiens à investir dans de nouvelles technologies 5G¹.

Répartition de la valeur et incidence sur l’investissement

Même si les exploitants doivent investir des milliards de dollars dans l’infrastructure numérique à la base de l’écosystème 5G, ils ne pourront récupérer qu’une fraction de la valeur économique totale générée par la technologie.

Selon PwC, d’ici 2026, les fournisseurs comme GE et ABB s’approprieront 45 % de cette valeur, les fournisseurs de logiciels comme Amazon et Google 29 %, les entreprises technologiques comme IBM 34 %, et les fournisseurs de services comme Bell, Telus et Rogers 11 %. 

D’autres administrations en prennent bonne note. Les chefs de la direction des principaux exploitants de réseau en Europe ont demandé à leurs juristes d’envisager un autre modèle selon lequel les grandes sociétés technologiques mondiales contribueraient au financement de la construction des réseaux qui bénéficieront considérablement aux entreprises².

« Une part importante et croissante du trafic réseau est monétisée et générée par les grandes plateformes technologiques, mais cela nécessite une planification ainsi que des investissements continus et massifs dans les réseaux par le secteur des télécommunications. Ce modèle, qui permet aux membres de la communauté de l’Union européenne de profiter des fruits de la transformation numérique, ne peut être durable que si ces grandes plateformes technologiques contribuent aussi, de façon équitable, au financement des réseaux. De plus, nous devons nous assurer que les nouvelles stratégies industrielles permettent aux acteurs européens, dont les entreprises de télécommunications, d’être concurrentiels dans le domaine des données mondiales. Ainsi, nous pouvons développer une économie européenne fondée sur de vraies valeurs européennes. »

Tendance : consolidation de l’industrie

De nombreux pays dans le monde ont reconnu les importants avantages socio-économiques qu’offre la 5G, et permettent à leurs exploitants de s’accroître pour déployer la technologie le plus rapidement possible.

PwC indique qu’en 2020, la valeur des activités de consolidation au sein de l’industrie des télécommunications s’élevait à 263 milliards de dollars, soit une augmentation de 195 milliards par rapport à 2019. Aux États-Unis, T-Mobile et Sprint, les troisième et quatrième exploitants mobiles en importance, ont fusionné. Plus récemment, en Asie du Sud-Est, le nombre d’exploitants de télécommunications est passé de 3 à 2 en Thaïlande, de 4 à 3 en Indonésie et de 3 à 2 en Malaisie³. En Inde, un pays comptant presque 1,4 milliard d’habitantes et d’habitants, le gouvernement a acquis une participation de 36 % dans Vodafone Idea pour éviter son effondrement⁴.

Pour réussir sur le plan de l’économie numérique mondiale, le Canada doit mettre l’accent sur la qualité et l’étendue de son infrastructure numérique. Lorsqu’il est question de la 5G, de nombreux autres pays sont déjà en avance et commencent à en tirer parti. Afin que le Canada puisse rester dans la course, les entreprises de grande taille qui disposent des moyens financiers nécessaires doivent investir des milliards de dollars dans l’infrastructure numérique rapidement; celle-ci jouera un rôle vital dans l’économie pour les décennies à venir.

Charit Katoch, directeur, Politique publique


¹ https://www.pwc.com/ca/fr/communications/publications/5G-the-digital-economy-and-Canadas-global-competitiveness.pdf
² https://etno.eu/news/all-news/717-ceo-statement-2021.html
³ https://www.ft.com/content/526743e5-ce7d-40c8-9b31-7308d529d06b
https://www.ft.com/content/055e82b2-fae3-4bcc-9b89-fc6ee64f3b68