Natasha Ramsahai, de Citytv, nous parle de son parcours pour devenir la première personne de couleur au Canada à occuper le poste de météorologue en chef
« C’est une énorme responsabilité que d’occuper ce poste compte tenu de mon aspect, car je sais que tant de jeunes faisant l’objet de racisme me regardent… Elles et ils se demandent qui je suis, d’où je viens, comment j’en suis arrivée là. Je veux qu’elles et ils sachent que mon histoire ressemble à la leur. »
Météorologue de longue date à CityNews de Toronto, Natasha Ramsahai est une personnalité connue et digne de confiance. Depuis plus d’une décennie, elle se sert des connaissances acquises dans ses études de maîtrise en météorologie pour relever le niveau des nouvelles météorologiques et ainsi donner des renseignements essentiels au public. Nouvelle météorologue en chef et première personne de couleur au pays à occuper ce poste, elle continue d’éliminer les obstacles.
Aujourd’hui, tandis que nous continuons de célébrer le Mois de l’histoire des Noirs, Natasha nous explique comment sa détermination et sa passion pour les sciences l’ont menée à une carrière extraordinaire en radiotélédiffusion et comment elle espère inspirer les filles, les femmes et les jeunes faisant l’objet de racisme partout au pays à combattre les préjugés et à poursuivre leurs rêves.
Parlez-nous de votre parcours vers le poste de météorologue en chef à CityNews.
Il a fallu des décennies à la fille de Scarborough que je suis pour accéder au poste de météorologue en chef. J’ai toujours été attirée par les sciences, en particulier les sciences physiques environnementales. Lorsque j’étudiais à l’Université York et que j’ai obtenu ma maîtrise en météorologie, je n’avais aucunement l’intention d’aller dans le domaine de la radiotélédiffusion. Mon objectif était de devenir météorologue aux alertes à Environnement Canada. Je voulais être celle qui émettait les avertissements de tornade et sauvait le public!
J’étais heureuse d’être météorologue en ondes jusqu’à ce que je commence à assister à la conférence annuelle sur la météorologie diffusée par l’American Meteorological Society il y a près de 20 ans. Les météorologues de la télévision qui y participaient étaient des « météorologues en chef », un poste qui était à peine reconnu au Canada à l’époque et l’est davantage depuis 10 à 12 ans seulement. La raison en est que la plupart des gens qui présentent des bulletins météorologiques en ondes au Canada sont des présentatrices ou des présentateurs de météo ou des spécialistes de la météo, mais non des météorologues.
Par le passé, il n’y avait pas d’équipe de météo à gérer. Il a été difficile de faire comprendre l’importance d’un rôle de gestion au sein de l’industrie canadienne de l’information. La croissance des équipes de météo dans les stations s’est accompagnée d’une plus grande nécessité d’avoir une ou un chef d’équipe.
Il y a une quinzaine d’années, j’ai essayé de proposer le titre de « météorologue principale ou principal » à la direction des nouvelles à l’époque dans une autre station. On s’est moqué de moi en me disant que « c’est seulement de la météo ». Malheureusement, de nombreuses femmes météorologues ont dû lutter contre le stéréotype de la « présentatrice de météo » pendant des décennies avant d’être prises au sérieux et considérées comme des scientifiques. Il y a aussi le stéréotype selon lequel ceux-ci portent un sarrau blanc et des lunettes, et l’on ne peut pas être scientifique si l’on n’a pas cet aspect. Heureusement, ces stéréotypes sont en train de changer.
Que signifie pour vous être la première personne de couleur à être nommée météorologue en chef au Canada?
Je n’arrivais pas à croire qu’en 2023, il n’y avait pas d’autre météorologue en chef issue de la communauté noire, autochtone et racisée au pays. Je suis en fait renversée de voir que de toutes et tous les météorologues en ondes au pays, on peut compter les membres de cette communauté sur les doigts d’une seule main.
C’est une énorme responsabilité que d’occuper ce poste compte tenu de mon aspect, car je sais que tant de jeunes faisant l’objet de racisme me regardent d’un air interrogateur. Elles et ils se demandent qui je suis, d’où je viens, comment j’en suis arrivée là. Je veux qu’elles et ils sachent que mon histoire ressemble à la leur. Mes parents étaient des immigrants qui n’avaient ni contact ni réseau au pays. Il est à espérer qu’en faisant des recherches sur mon histoire, elles et ils seront aussi inspirés à ouvrir la voie pour les générations qui les suivront. Avoir son mot à dire pour aider à prendre des décisions qui peuvent changer l’industrie ouvre des portes. C’est énorme. Je me rends souvent à des écoles et dans les locaux d’organismes pour parler aux jeunes de la météo et d’une carrière scientifique. Maintenant quand j’entre dans une salle et qu’on me présente comme météorologue en chef, j’espère inspirer et susciter fortement la réaction « oui, je peux faire de même », surtout chez les jeunes filles et les jeunes femmes qui veulent devenir scientifiques.
Comment espérez-vous inspirer les filles et les femmes à poursuivre une carrière scientifique?
Mon poste de météorologue en chef dans le domaine de la radiotélédiffusion est une occasion unique d’influencer le changement et de susciter la discussion. La combinaison de ma plateforme et des médias sociaux permet d’atteindre de nombreuses communautés. J’ai la chance d’entamer des conversations avec des milliers de personnes en même temps. Même si je publie aussi des choses amusantes aux fins d’engagement, ma capacité de présenter l’aspect scientifique d’une publication peut donner lieu à des idées stimulantes. Je dois faire preuve de créativité dans mes publications visant à susciter l’engagement et montrer aux gens pourquoi un sujet donné est important.
Au bout du compte, il est essentiel de proposer des solutions et non uniquement le problème. Aucun changement ne se produira si l’on se contente d’énoncer les problèmes liés aux changements climatiques sans présenter également les solutions possibles aux fins de discussion. Ou si, compte tenu du poste que j’occupe et des connaissances que j’ai, je ne communique pas celles-ci aux autres. Tout le monde peut s’exprimer.