Balado Le travail à cœur
Balado Le travail à cœur

Épisode 1 : De la survie à la prospérité (transcription)

Sandra :                              Oui, plus ou moins. D’accord, je vais faire de mon mieux.

Sonia Kang :                      On se trouve au centre-ville de Vancouver, où une équipe de travailleurs sociaux offre du soutien aux personnes souffrant d’une maladie mentale grave.

Sandra :                              Bien sûr, de nos jours, tout est bien différent.

Sonia Kang :                      Sandra est l’une des travailleuses sociales.

Sandra :                              Les personnes avec qui je travaille sont souvent aux prises avec des problèmes de toxicomanie, vivent dans la pauvreté, sont sans abri ou vivent dans un logement précaire.

Sonia Kang :                      Dire que ses journées sont imprévisibles serait un euphémisme.

Sandra :                              Il faut être prêt à réagir à toute crise qui pourrait survenir, ce qui arrive souvent.

Sonia Kang :                      C’est un travail difficile, mais Sandra réussit bien. Elle peut habituellement gérer la pression. Mais un jour, quelque chose d’imprévisible s’est produit.

Un journaliste :                Jeudi matin, l’Organisation mondiale de la Santé a déclaré une pandémie au coronavirus. Le directeur général de l’OMS…

Sonia Kang :                      Vous avez été touchée, j’ai été touchée – tout le monde a été touché. Mais ce que ça a vraiment fait, c’est rendre les plus vulnérables d’entre nous encore plus vulnérables. C’est très stressant pour eux et pour le personnel qui leur fournit des services essentiels.

Sandra :                              Oui, on dirait que je crains qu’une sorte de digue se brise, que je serai complètement dépassée par les événements et que je n’aurai peut-être pas les outils dont j’ai besoin pour être aussi prête que je le pourrais pour traverser cette crise.

Sonia Kang :                      L’outil dont Sandra parle est la résilience. En changeant la façon dont plusieurs d’entre nous travaillaient, la pandémie nous a tous forcés à devenir beaucoup plus résilients, et ce besoin ne disparaît pas. Bienvenue dans le balado Le cœur au travail, un tout nouveau balado rendu possible par Rogers. Je m’appelle Sonia Kang. Je suis professeure en comportement organisationnel et j’étudie la psychologie des gens au travail. Cette série contient des pistes de solution pour surmonter les obstacles qui empêchent votre progression professionnelle ou pour rectifier la trajectoire de votre carrière. La plupart des gens éprouvent ces difficultés à un moment donné de leur vie professionnelle, et cela peut se produire pour toutes sortes de raisons. Parfois, vous pouvez changer les choses. Parfois, il s’agit d’un problème que votre entreprise doit régler, car : « On dit que si vous aimez votre travail, vous n’aurez pas à travailler un seul jour de votre vie », mais comment y arriver? L’une des façons dont les entreprises progressistes y arrivent est par l’expérience employé, une approche intégrée de la conception du travail qui accorde la priorité à vos besoins. Il s’agit donc d’un guide pour naviguer dans l’expérience employé. Cette expérience est probablement un peu différente maintenant, après tout ce que vous avez vécu avec la COVID-19. J’ai donc pensé : pour ce premier épisode de Le cœur au travail, regardons ce qu’il faut pour être résilient face à une pandémie ou à toute autre chose que vous pourriez vivre au travail.

Sandra :                              Je pense que je perds parfois de vue l’intensité de mon travail en ce qui a trait au fardeau émotionnel et à la difficulté du travail.

Sonia Kang :                      Sandra fait un travail très dur. Les facteurs de stress sont très intenses, mais, comme on l’apprendra plus tard, même si notre travail semble moins intense de l’extérieur, nous traitons tous le stress lié au travail de la même façon. Mais lorsqu’une personne dit : « J’aimerais être plus résilient » ou « Cette personne est tellement résiliente », ce qu’elle entend par là n’est pas toujours clair, au-delà peut-être de la capacité de survivre à quelque chose. Par exemple, passer une autre journée au travail et rentrer à la maison en un morceau.

Raphael Rose :                  La résilience consiste donc essentiellement à faire face aux facteurs de stress de la vie d’une manière qui, au bout du compte, favorise la croissance, améliore votre expérience. On la mesure habituellement par la rapidité avec laquelle une personne se remet d’une situation de stress.

Sonia Kang :                      Raphael Rose est psychologue clinicien et chercheur à Los Angeles.

Raphael Rose :                  Se remettre d’une situation de stress peut signifier physiologiquement. Cela peut également signifier sur les plans psychologique et émotionnel et, bien sûr, comportemental. Nous cherchons des personnes qui accueillent toutes sortes d’émotions, pas seulement des émotions positives, mais qui acceptent de se sentir tristes et mal à l’aise, mais qui peuvent apprendre de ces émotions pour continuer de poursuivre leurs buts dans la vie.

Sonia Kang :                      La résilience ne consiste donc pas à réussir à ne pas ressentir de stress. Il s’agit davantage de redéfinir notre façon d’interagir avec lui et de travailler à devenir ouvert et adaptable face aux défis et au changement.

Raphael Rose :                  L’adversité nous permet de nous améliorer.

Sonia Kang :                      Nous parlons avec Raphael, car au cours des 12 dernières années, il a étudié ce à quoi ressemble la résilience d’employés qui exercent l’une des professions les plus exigeantes.

Transmission de la NASA :           Démarrage du moteur principal… Démarrage de la séquence d’allumage : Cinq, quatre, allumage. Décollage confirmé. Décollage, compris.

Sonia Kang :                      Il étudie les astronautes.

Transmission de la NASA :              Décollage confirmé. Décollage confirmé.

Sonia Kang :                      Il y a bien peu de gens aussi résistants que ça. L’expertise théorique et technique que vous devez maîtriser, conduire un vaisseau spatial, les vitesses qui donnent la nausée, l’absence de gravité, la nourriture bizarre et vivre seul pendant des mois.

Raphael Rose :                  Oui, c’est tellement drôle. Nous ne sommes pas des astronautes, mais en fin de compte, nous sommes beaucoup plus semblables à eux que la plupart des gens pourraient le croire. Les astronautes sont stressés par les mêmes choses que nous.

Sonia Kang :                      La nourriture étrange me stresse aussi.

Raphael Rose :                  Ce que les astronautes signalent comme étant le plus stressant lorsqu’ils se trouvent à la station spatiale pendant six, sept ou huit mois, c’est qu’ils sont préoccupés par leur famille, leur conjoint, leurs enfants, comment ceux-ci réussissent à l’école, les conflits interpersonnels avec des membres de l’équipage ou des personnes au sol… Les soucis liés aux finances et à la santé.

Sonia Kang :                      Ces inquiétudes peuvent être similaires, mais il y a une grande différence.

Raphael Rose :                  Ils reçoivent une tonne de formation pour gérer cela. Par conséquent, à bien des égards, ce qu’on nous demande de faire est beaucoup plus difficile.

Transmission de la NASA :            OK. On a un problème ici… Ici Houston. Répétez, s’il vous plaît… Houston! On a un problème.

Raphael Rose :                  Nous ne suivons pas la formation qu’ils reçoivent, mais ce qu’on nous demande de faire est très difficile.

Sonia Kang :                      Il est plutôt étonnant que la formation qui change la donne à la station spatiale ne consiste pas à apprendre à tourner quel bouton spatial, mais plutôt à gérer le stress quotidien que nous vivons sur le terrain. Je veux dire que même les astronautes canins peuvent faire une partie des tâches techniques, n’est-ce pas? Mais le fait est que les employés humains de la NASA reçoivent une formation sur la résilience.

Bill Howatt :                      On ne naît pas résilient. C’est quelque chose qu’on vous enseigne.

Sonia Kang :                      Bill Howatt dirige une entreprise de RH spécialisée en santé et sécurité psychologiques.

Bill Howatt :                      Et c’est un peu comme l’activité physique. C’est quelque chose que vous devez faire de manière intentionnelle. Vous devez apprendre comment faire. La résilience est donc une compétence qu’on peut améliorer.

Sonia Kang :                      La question est donc de savoir d’où vient cette formation.

Bill Howatt :                      Beaucoup de gens pensent que la résilience est quelque chose que l’employé manifeste seul, ce qui est tellement loin de la vérité. Les employeurs doivent comprendre la formule pour rendre les employés résilients. La résilience est en partie attribuable à l’expérience des employés. Si les choses dérapent, les employés seront moins résilients.

Sonia Kang :                      Selon Bill, votre employeur a une certaine responsabilité pour vous aider à renforcer votre résilience.

Bill Howatt :                      J’utilise une métaphore simple avec une pile. Si j’autorise l’intimidation et le harcèlement dans un lieu de travail et que les employés ne connaissent pas leurs fonctions, leur valeur, ça peut vider la pile. La relation gestionnaire-employé, c’est ça qui peut vider la pile. À l’inverse, si vous offrez des éloges et de la reconnaissance et que les gens sentent qu’ils apportent leur contribution, qu’ils se sentent les bienvenus et que ce qu’ils font est valorisé, ça peut recharger la pile.

Sonia Kang :                      Toutefois, en tant qu’employé, vous pouvez également jouer un rôle dans l’établissement de cette relation stimulante axée sur l’expérience employé. Bill et Raphael, le psychologue de la NASA, disent tous les deux que leur résilience est une compétence qu’on peut améliorer. On ne naît pas nécessairement résilient, alors ne vous découragez pas si vous avez l’impression de ne pas l’être suffisamment. Parce que tant que vous êtes prêt à y consacrer des efforts, c’est quelque chose que vous pouvez développer. Et il y a deux façons de le faire : Commençons donc votre formation sur la résilience. La première chose que nous devons faire est de devenir vraiment stressés.

Sandra :                              C’est beaucoup de soutenir quelqu’un malgré la frustration, dépression ou l’impuissance et la détresse, et de sentir qu’il y a peu de choses que vous pouvez changer.

Sonia Kang :                      Au travail, beaucoup de choses peuvent causer du stress et de l’épuisement professionnel ou, comme le dit Bill Howatt, vider nos batteries. Sandra se sent peut-être dépassée par le sort des personnes qu’elle soutient. Pour les autres, il peut s’agir d’un délai serré ou de frictions avec un collègue hostile. Il n’est pas toujours nécessaire que ce soit un facteur de stress important.

Sandra :                              Je suis un peu inquiète de voir qu’un jour, quelque chose d’imprévisible risque de me faire tomber.

Sonia Kang :                      Lorsque cela se produit, nous subissons un schéma de réactions physiologiques connues sous le nom de réaction de combat, de fuite ou de gel, qui a évolué pour nous aider à réagir rapidement à des situations mettant la vie en danger. Cela commence dans le cerveau, dans l’amygdale, qui traite constamment l’information provenant de nos sens, à la recherche du danger.

Sandra :                              Il y a beaucoup de gens qui sont, à juste titre, fâchés contre le monde. Je ne suis pas toujours porteuse de bonnes nouvelles ni capable de les aider de la manière dont ils ont absolument besoin de l’être.

Sonia Kang :Lorsqu’un danger est signalé, l’amygdale sonne l’alarme et envoie des signaux à une autre partie du cerveau, l’hypothalamus. Ce dernier agit comme centre de contrôle qui réagit au stress en envoyant des instructions au reste du corps. L’hypothalamus agit également sur les glandes surrénales. Lorsqu’elles reçoivent le signal, les glandes surrénales commencent à libérer l’épinéphrine (alias adrénaline), ce qui peut entraîner quelques réactions différentes. Il se peut que vous figiez et que vous ne soyez pas en mesure de faire ou de dire quoi que ce soit, ou que le reste du corps soit prêt à se battre ou à fuir. Votre cœur commence à battre pour faire circuler le sang dans votre corps, vos muscles sont tendus afin que vous soyez prêt à réagir et vous suez pour que votre température corporelle ne s’élève pas trop. Finalement, la deuxième phase de la réponse au stress s’enclenche. Les glandes surrénales passent de la production d’épinéphrine à la production de cortisol, qui peut maintenir la réponse au stress sur une plus longue période, jusqu’à ce que la menace diminue. Une fois que le danger disparaît, la réaction au stress est interrompue. Votre corps passe alors d’un état combat-fuite à son état normal pour se reposer et reprendre son travail de digestion du burrito que vous avez mangé au dîner. Si vous voulez renforcer votre résilience, la partie la plus importante de cette réponse est la dernière, quand votre corps retourne à son état normal. Lorsque Sandra, la travailleuse sociale, ressent du stress, elle peut réagir de deux façons.

Sandra :                              En fait, le stress peut être très stimulant pour moi, mais si la situation est très éprouvante, je me sens parfois dépassée par les événements et épuisée.

Sonia Kang :                      La raison est qu’on peut ressentir le stress de deux façons : soit comme un défi, soit comme une menace. Les défis peuvent être motivants et nous garder motivés dans notre travail. On appelle ce type de stress « eustress ». Cependant, lorsqu’on perçoit quelque chose comme une menace, le stress finit par être dévastateur. C’est ce qu’on appelle la détresse et, si elle se prolonge, elle peut entraîner de l’épuisement professionnel. Ainsi, une partie du renforcement de la résilience consiste à reconsidérer les situations stressantes pour les voir comme des défis plutôt que comme des menaces. L’incertitude est l’une des plus grandes menaces auxquelles on est exposés au quotidien. Il s’agit de ne pas savoir ce qui se passe, ce qui va se passer ni comment on devrait agir. Comment peut-on réussir à trouver un sens à l’incertitude et à la percevoir comme un défi plutôt que comme une menace, à passer de la détresse à l’eustress? Que pourrait-on faire avant qu’elle ne devienne accablante?

Kathleen Sutcliffe :          À mon avis, les moments de résilience ne surviennent pas seulement après des événements difficiles, mais plus tôt.

Sonia Kang : Kathleen Sutcliffe est professeure de médecine et de commerce à l’Université Johns Hopkins. Elle étudie comment les gens et les entreprises perçoivent les changements et les différents événements de la vie.

Kathleen Sutcliffe :          Mon objectif au cours des dernières décennies a été de comprendre comment les entreprises peuvent mieux gérer les imprévus. On sait que lorsque notre monde devient incertain, on est souvent inquiets au sujet de ce qui nous attend, alors on doit absolument trouver un sens. Bref, la quête de sens consiste à comprendre ce qui se passe. Et une fois que nous avons compris la situation, que se passe-t-il?

Sonia Kang :                      Selon Kathy, la quête de sens consiste à examiner une situation ou une circonstance qu’on ne comprend pas et à la transformer en quelque chose qu’on peut expliquer clairement par des mots. Une fois qu’on a cette explication, on peut l’utiliser comme tremplin pour passer à l’action. C’est ainsi qu’on peut renforcer notre résilience.

Kathleen Sutcliffe :          Les recherches ont montré qu’il faut à la fois anticiper, essayer de comprendre ce que nous essayons d’accomplir, penser à ce qui pourrait mal tourner et savoir comment limiter les dégâts si cela se produisait. Mais il faut aussi comprendre que les choses ne tournent pas toujours mal. Or, comment peut-on être plus résilients pour être en mesure de détecter les problèmes et d’y faire face au fur et à mesure qu’ils surviennent?

Sonia Kang :                      Il faut prendre les choses en main avant que la situation ne soit hors contrôle et nous épuise. On ne peut y arriver qu’en faisant preuve de résilience, car celle-ci nous permet d’affronter le stress et de nous en remettre, plutôt que de le fuir. Selon Kathy, la résilience passe en partie par la prise de conscience.

Kathleen Sutcliffe :          On peut être meilleur pour trouver un sens lorsque l’on tente de régler une situation qu’on trouve anormale. Je veux dire par là qu’il est préférable d’observer les renseignements surprenants, plutôt que d’essayer de les normaliser en les ignorant ou en les éliminant de notre quotidien.

Sonia Kang :                      Kathy veut dire que lorsque l’on rencontre des anomalies ou des signaux d’alarme, on doit y être attentif, déterminer ce qu’ils signifient et élaborer un plan pour les gérer. On doit les traiter comme un défi que l’on peut surmonter, et non comme une menace qui pèse sur nous. Toutefois, cela peut représenter un défi en soi, surtout dans le cadre d’un emploi très stressant comme celui de Sandra, une travailleuse sociale.

Sandra :                              Il y a un équilibre fragile dans ce travail où il faut absolument se forger une carapace, mais en même temps, il y a toujours un risque de normaliser ou de se résigner.

Sonia Kang :                      Un emploi comme celui de Sandra exige d’avoir une carapace, mais Kathy affirme qu’en général, le fait de s’éloigner du stress, en n’y portant pas attention ou en le normalisant, nous empêche de développer une résilience. Alors, si vous vous trouvez dans des situations incertaines ou stressantes, par exemple, si vous n’avez aucune idée de la signification d’un long courriel mystérieux de votre patron, décomposez-le en plus petites parties et mettez-les dans vos propres mots. À partir de là, allez de l’avant en suivant un plan et donnez-vous le temps de vous remettre de ce stress avant de passer à l’élément suivant. Mais avant tout, n’hésitez pas à demander de l’aide lorsque vous éprouvez des difficultés. De retour à Bill Howatt pour un moment.

Bill Howatt :                      Pensez à un vase qui tombe, même la personne la plus résiliente ne sait pas toujours comment le réparer seule. Je pense qu’il faut garder cela à l’esprit, car c’est ce que je crains de cette question de résilience. Parfois, on pense que l’on est censé tout faire soi-même, mais ce n’est pas le cas. Une partie de la résilience est liée à l’environnement. Il est parfois essentiel de demander de l’aide et d’obtenir du soutien.

Sonia Kang :                      Vous pouvez demander de l’aide à vos collègues, à vos amis, à votre famille ou à un thérapeute pour donner un sens aux choses. Cependant, Kathy affirme que la quête de sens au travail devrait vraiment faire partie des dialogues au sein des entreprises. 

Kathleen Sutcliffe :          Selon moi, il est très important pour les entreprises de créer une culture d’expression, mais je pense également qu’il est tout aussi important, sinon plus, de ne pas encourager seulement les employés de première ligne à s’exprimer. On devrait encourager les gestionnaires à poser des questions aux employés de première ligne. Les gestionnaires doivent montrer qu’ils veulent connaître la perspective des gens.

Sonia Kang :                      La quête de sens fonctionne parce qu’elle nous aide à clarifier les situations incertaines et à y réagir. Il est essentiel de décomposer les problèmes en éléments gérables et de les exprimer en mots. En gros, il s’agit d’un exercice, d’expliquer le problème comme à un enfant de cinq ans. Une fois qu’on peut l’expliquer, on le comprend. Une fois qu’on l’a compris, on peut trouver une solution. Cet exercice nous permet de réagir au stress dans une optique de défi plutôt que de menace. On peut ensuite se remettre du stress et renforcer notre résilience. En donnant un sens aux choses, on peut maîtriser le prochain aspect de la résilience que nous allons explorer.

Bill Howatt :                      Selon moi, la résilience consiste à se concentrer délibérément sur l’amélioration et le maintien de sa santé mentale. Si je vous demandais quel est l’algorithme de la santé mentale, vous pourriez y réfléchir et dire : « Je ne sais pas. »

Sonia Kang :                      Si seulement quelqu’un le savait, n’est-ce pas? Ce que Bill Howatt veut dire, c’est que la résilience passe par un travail rigoureux axé sur l’amélioration de la santé mentale ou de l’hygiène en général. La réalisation de ce travail est une bonne façon de jeter les bases de la résilience, car vous serez mieux préparé si quelque chose de stressant se produit. De nos jours, il est particulièrement important d’adopter une vision globale de la santé mentale. Chaque année, une personne sur cinq est aux prises avec une maladie mentale ou un problème de santé mentale, mais Bill s’y intéresse de façon proactive. On a tous besoin de préserver notre santé mentale.

Bill Howatt :                      Le premier élément est la santé physique, le lien entre le corps et l’esprit. On sait que c’est important.

Sonia Kang :                      Il s’agit des éléments de base comme l’alimentation, le nombre d’heures de sommeil, une faible consommation d’alcool et l’activité physique. Sandra nous en parle.

Sandra :                              Le fait de revenir à la maison en courant après une journée de travail est absolument thérapeutique pour moi. La course me permet de réfléchir un peu à ma journée et de remettre en question certaines distorsions de ma pensée.

Bill Howatt :                      Le deuxième élément est la forme mentale. Il s’agit d’une combinaison de deux types de capacités d’adaptation, soit les capacités d’adaptation développementales et les gestes quotidiens durables.

Sonia Kang :                      Les capacités d’adaptation développementales sont l’intelligence émotionnelle, la conscience émotionnelle et l’estime de soi.

Bill Howatt :                      Ensuite, il existe ce qu’on appelle les gestes quotidiens durables. On a de 40 à 60 000 pensées par jour. Le fait de ne pas être attentif à un grand nombre d’entre elles peut avoir un effet négatif et causer de l’anxiété. Il est important de tenir un journal de vos pensées et de pratiquer la respiration diaphragmatique quotidiennement. Si vous n’utilisez pas différentes petites techniques en fonction de vos besoins, vous pourriez nuire à votre santé mentale. Le dernier pilier est celui des liens sociaux. Les gens ont besoin les uns des autres. Le facteur humain est d’une importance capitale pour notre santé mentale.

Sonia Kang :                      L’approche qui consiste à prêter attention régulièrement à ses pensées est semblable à la quête de sens décrite par Kathy Sutcliffe. Toutefois, un autre expert à qui on a parlé plaide en faveur d’une moins grande concentration.

Srini Pillay :                        Nous savons tous que la concentration est importante, et que la distraction est nuisible. Mais je pense que beaucoup de gens ne se rendent pas compte que les distractions stratégiques sont une autre façon de stimuler le cerveau.

Sonia Kang :                      Srini Pillay enseigne la science du cerveau dans une entreprise appelée NeuroBusiness Group.

Srini Pillay :                        Pendant la journée, il est important de faire des siestes, de griffonner et d’avoir des rêves éveillés positifs et constructifs.

Sonia Kang :                      Vous avez probablement déjà entendu parler d’entreprises qui ont construit des salles de siestes pour leurs employés. Des recherches ont révélé qu’une sieste de cinq à quinze minutes peut produire une à trois heures de lucidité supplémentaire à votre bureau. Il a été prouvé que le griffonnage sur papier pendant les conférences téléphoniques atténue l’anxiété et améliore la concentration. Enfin, Srini a mentionné que le rêve éveillé constructif est comme une visualisation méditative.

Srini Pillay :                        Faites une activité qui demande peu d’efforts comme marcher, tricoter ou jardiner. Pendant votre activité, vous permettez à votre esprit de flotter en pensant à quelque chose de positif et que vous aimeriez faire, comme vous allonger sur la plage ou courir dans les bois avec vos chiens. Cette forme de revitalisation du cerveau peut être extrêmement utile.

Sonia Kang :                      Bill et Srini vous recommandent de pratiquer l’hygiène mentale tous les jours, comme le brossage de dents quotidien, mais c’est votre cerveau que vous brossez. Ce n’est là qu’un début. Une bonne santé mentale vous permet de mieux vous préparer à des événements stressants. Il y a toutefois d’autres choses que vous pouvez faire lorsqu’ils se produisent. Srini Pillay a mis au point le système qu’il a appelé CIRCA. Nous allons l’examiner lettre par lettre.

Srini Pillay :                        La lettre « C » correspond au terme « couper en plus petites parts », ce qui signifie que lorsque vous subissez un stress, plutôt que de penser qu’il s’agit d’un problème sans fin auquel vous ne saurez pas réagir, vous recourez littéralement au discours intérieur pour vous dire que vous devez le diviser en plus petites parties, comme suit : ce que je fais maintenant, ce que je ferai la semaine prochaine, ce que je ferai le mois prochain et ce que je ferai au cours des prochains mois.

Sonia Kang :                      C’est quelque chose que Sandra, la travailleuse sociale, fait déjà.

Sandra :                              Pendant un certain temps, on nous a dit que tout le programme pourrait être annulé. La seule façon pour moi de gérer cette situation était de me dire que je devais prendre les choses au jour le jour et que je trouverais une solution une fois le moment venu.

Sonia Kang :                      Ensuite, après la lettre « C », on trouve la lettre « I » du système CIRCA de Srini, qui signifie « ignorer le monologue mental ».

Srini Pillay :                        Tout le monde présume que plus on parle de quelque chose, mieux c’est. Mais lorsqu’il est question de choses négatives pendant la journée, pour rester plus résilient, vous devez en fait éviter de faire un compte-rendu, que j’appelle le martelage de l’hippocampe. L’hippocampe est une partie du cerveau responsable du traitement des parties de la mémoire. Ce que nous savons, c’est que si vous vous répétez sans cesse « c’était ça le danger, c’est ce qui s’est passé au travail », vous pouvez vous sentir soulager, mais en fait, ce que vous faites, c’est graver ces souvenirs dans votre cerveau.

Sonia Kang :                      Comment fait-on pour faire cesser ou ignorer le monologue mental?

Srini Pillay :                        Pour les personnes qui y sont ouvertes, vous pouvez vous asseoir seul pendant 20 minutes, idéalement 2 fois par jour, et vous concentrer sur votre respiration, et ramener votre attention sur votre respiration chaque fois que vous remarquez que votre esprit vagabonde. Ensuite, il y a la lettre « R », qui signifie « réalité ».

Sandra :                              Je me questionne beaucoup ou je ne me sens pas performante dans mon travail parce que je ne réussis pas quelque chose immédiatement.

Srini Pillay :                        En recourant au discours intérieur, vous pouvez rassurer votre cerveau en disant que cette période prendra fin et que vous passerez par la suite à une phase plus normale.

Sonia Kang :                      Dire ce qui est évident peut paraître trop évident, mais lorsque vous êtes envahi par les émotions, c’est une bonne idée de regarder la réalité en face. Ensuite, dans le système de Srini, on trouve « contrôle ».

Srini Pillay :                        Vous n’avez qu’à déterminer les éléments que vous pouvez contrôler et ceux que vous ne pouvez pas contrôler. Finalement, le « A » dans CIRCA signifie « attention détournée ». Comment puis-je détourner mon attention du problème et la diriger vers la solution?

Sonia Kang :                      Ici, on renvoie à la quête de sens. Soyez attentif à la situation, tentez de comprendre les circonstances en étant explicite et élaborez un plan d’action.

Un journaliste :                La COVID-19 peut être caractérisée comme une pandémie.

Sonia Kang :                      Mais qu’en est-il pendant une pandémie, lorsque tout notre système nerveux est en isolement?

Raphael Rose :                  La pandémie constitue un facteur de stress chronique. Ce n’est pas comme si nous pouvions faire quelque chose pour régler la situation. Nous faisons notre part et qu’est-ce que cela signifie? Que vous devez y trouver un sens.

Sonia Kang :                      Revoici Raphael, qui travaille à la NASA.

Raphael Rose :                  Le sens peut se retrouver dans des choses très simples comme se laver les mains ou garder ses distances d’un parent âgé parce qu’on ne veut pas qu’il tombe malade. Ou portez un masque lorsque vous sortez dans la communauté parce que vous vous en souciez. De plus, les personnes résilientes ont d’excellents systèmes de soutien social. Vous trouvez des façons d’entrer en contact avec des personnes importantes dans votre vie.

Sonia Kang :                      S’entraîner à tolérer l’incertitude est une autre façon de renforcer la résilience, et non pas la faire disparaître parce que vous ne le pouvez pas. Tentez de réévaluer la situation et de trouver un sens aux petites choses que vous pouvez contrôler. Au début, Raphael Rose, psychologue, disait que les astronautes reçoivent une formation sur la résilience qui porte sur exactement les mêmes choses qui causent du stress pour nous les terriens. Alors, comment gardent-ils une bonne forme mentale et font-ils le plein cérébral dans la station spatiale?

Raphael Rose :                  La première chose que les astronautes font pour gérer le stress dans la station spatiale, c’est d’aller voir la Terre par le hublot. Et que font-ils? Ils prennent des photos. Pour moi, cela m’amène à me demander si le fait de prendre des photos de la Terre est relaxant. C’est probablement magnifique. C’est probablement inspirant, mais j’aurais compris que les choses dont nous avons parlé plus tôt sont probablement plus importantes.

Sonia Kang :                      Si vous y réfléchissez, ils prennent un moment pour se concentrer sur la vue d’ensemble, ou la plus complète des vues d’une certaine façon, un cliché instantané d’humilité que vous et moi n’aurons jamais la chance de prendre. Bon nombre des exercices que nous avons appris dans cet épisode vous aideront à faire de même.

Raphael Rose :                  C’est probablement une façon de les relier à l’endroit d’où ils viennent, à ce qui est important pour eux, comme leurs amis et leur famille, et à ce qui se passe sur la Terre. De plus, tous ces astronautes ont demandé à y être. Ils font probablement tous la chose la plus importante à laquelle on puisse penser, c’est-à-dire l’exploration spatiale.

Sonia Kang :                      Lorsque des crises ou des événements stressants se produisent, il y a trois résultats souhaités. Le premier est la survie de base. Vous voulez en sortir intact. Ensuite, il y a la résilience. Nos invités ont expliqué jusqu’à présent qu’il s’agit d’une compétence apprise que vous pouvez activement renforcer et maintenir. Ensuite, si vous avez été diligent, si vous avez réussi, on appelle ce troisième élément « l’évolution ».

Kathleen Sutcliffe :          L’évolution, c’est l’expérience de la vitalité et de l’apprentissage au travail. Comparez cette notion à la stagnation, qui est l’expérience de l’immobilisme. Je sais qu’à quelques reprises au cours de ma carrière, c’est ce que j’ai ressenti. Ainsi, lorsque les gens évoluent, ils ont l’impression de grandir. Dans le sens où ils enrichissent leurs connaissances. Ils approfondissent leur compréhension. Ils se sentent en vie.

Sonia Kang :                      Voici de nouveau Kathy Sutcliffe.

Kathleen Sutcliffe :          L’évolution est une expérience psychologique positive et elle ne se produit pas nécessairement dans l’adversité comme la résilience. Pour évoluer, je pense toujours au fait de s’enraciner dans son travail et d’explorer de nouvelles façons de faire les choses. Vous êtes donc réellement et grandement attentif à ce que vous faites.

Sonia Kang :                      En période d’incertitude, nos vies peuvent sembler perdre de leur sens et leur but. Comme bon nombre de nos objectifs ne peuvent pas être atteints, on ne peut pas continuer de faire ce qui était très important pour nous auparavant. Nous ne savons jamais vraiment ce qui arrivera ou ce que nous devrions faire. Le fait de pouvoir retourner à vos valeurs dans ces situations et de vous souvenir du sens et du but plus profonds que vous voulez donner à votre vie vous aidera à renforcer votre résilience.

Raphael Rose :                  J’encourage vraiment les gens à le voir comme un processus de toute une vie pour la quête de sens et de ce que vous valorisez. Je pense que cette quête vous motivera à devenir plus résilient, car si vous échouez ou si vous êtes confronté à une situation difficile, vous aurez la motivation nécessaire pour continuer à le faire parce que c’est important pour vous. Ce sont vos convictions. C’est quelque chose que vous voulez vivre davantage dans votre vie.

Sonia Kang :                      Nous examinerons de plus près les notions de valeurs et de sens dans un prochain épisode. Nous aborderons également d’autres sujets liés à la culture en milieu de travail, comme de nouvelles approches de la croissance professionnelle, des manières de favoriser la sécurité psychologique en milieu de travail et des stratégies pour vous démarquer partout où vous travaillez. Entre-temps, continuons de travailler sur la résilience. Considérez le stress comme un phénomène physiologique et exercez-vous à donner du sens à ce que vous vivez. Gardez aussi une bonne forme mentale et faites le plein cérébral, car à un moment donné, nous devrons tous faire preuve d’une certaine résilience afin de nous aider à surmonter l’incertitude et de nous en sortir. Dans le prochain épisode, nous analyserons de façon plus approfondie l’expérience employé afin d’examiner une question touchant tous les milieux de travail, soit la diversité et l’inclusion, et la façon dont ces éléments peuvent solidifier les équipes et créer un sentiment d’appartenance pour tous les employés. C’est ce dont nous discuterons au cours du prochain épisode du balado original rendu possible par Rogers, Le cœur au travail. D’ici là, vous pouvez nous trouver à l’adresse ForTheLoveOfWork.ca. Ici Sonia Kang. Merci de nous avoir écoutés.